La Petite Robe Noire (Cherry Blossom Girl)
Lorsque Guerlain se lance dans la couture, c’est avec une petite robe noire dont la couleur prend toute sa signification dès les premières effluves : la teinte pourpre d’une cerise bigarreaux.
On avait été prévenu, ce nouvel exclusif serait un « fruité gourmand », on pouvait donc s’attendre au pire à l’annonce de ce cocktail de citron, de réglisse et d’amande. Cette cerise noire assez figurative et sirupeuse évite cependant la catastrophe par son caractère naturel, juteux et pulpeux assez salivant au départ, avec une petite pointe d’amertume, qui évolue vers des notes d’amaretto, de violette et de réglisse dont l’association peut évoquer l’univers gourmand fruité d’un Lolita Lempicka.
Les fruits au sirop défilent, et laissent peu à peu la place à un fond de tarte plus frangipane, vanillé, praliné, qui s’associe à l’incontournable patchouli pour aboutir à un accord oriental un peu prévisible. Un joli dessert de fille bien composé, sans fausse note, mais sans grande surprise non plus.
La Petite Robe Noire a donc tous les attributs pour plaire à un public largement réceptif à ce genre de parfum-tarte aux fruits, certes, mais a-t-elle sa place en tant que parfum exclusif à la boutique Guerlain, dans son flacon emprunté à Mitsouko customisé pour l’occasion ? En quoi ce gourmand pâtissier, avec toutes ses qualités, mérite-t-il sa position d’exclusif dans un lieu où l’on se devrait se rendre avant tout pour rechercher le rare, le précieux, le surprenant, alors qu’il suffit d’aller à quelques mètres plus loin dans le temple Sephora des Champs pour avoir accès à toute une palette de gourmandises du même genre ?